Les difficultés de comportement

Pourquoi ne pas débuter cette rubrique avec un bref rappel de ce qu’est un trouble du comportement?


La théorie

coin

Les troubles du comportement

source : Convention collective des enseignants ( annexe XIX)
Commentaire DAS :
Ces définitions sont établies pour les fins d’application de la convention collective du personnel enseignant. Par ailleurs, rappelons que cette nouvelle convention, en cohérence avec les orientations ministérielles, préconise une organisation de services centrée sur les besoins et capacités de l’élève, sans égard à son appartenance, ou non, à une catégorie.

L’élève présentant des troubles du comportement :

est celui dont l’évaluation psychosociale, réalisée en collaboration par un personnel qualifié et par les personnes visées, avec des techniques d’observation ou d’analyse systématique, révèle un déficit important de la capacité d’adaptation se manifestant par des difficultés significatives d’interaction avec un ou plusieurs éléments de l’environnement scolaire, social ou familial.

Il peut s’agir de comportements sur-réactifs en regard des stimuli de l’environnement (paroles et actes injustifiés d’agression, d’intimidation, de destruction, refus persistant d’un encadrement justifié…) ; de comportements sous-réactifs en regard des stimuli de l’environnement (manifestations de peur excessive de personnes et de situations nouvelles, comportements anormaux de passivité, de dépendance et de retrait…).

Les difficultés d’interaction avec l’environnement sont considérées significatives, c’est-à-dire comme requérant des services éducatifs particuliers, dans la mesure où elles nuisent au développement du jeune en cause ou à celui d’autrui en dépit des mesures d’encadrement habituelles prises à son endroit.

L’élève ayant des troubles du comportement présente fréquemment des difficultés d’apprentissage, en raison d’une faible persistance à la tâche ou d’une capacité d’attention et de concentration réduite.


La pratique

Interventions et outils

L’utilisation de la technologie dans nos pratiques pédagogiques.

J’ai eu la chance de vivre l’expérience d’avoir plusieurs élèves ayant une difficulté grave d’apprentissage ainsi que des élèves ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou un problème de comportement grave. Ces élèves avaient une capacité d’attention limitée et un besoin de soutien constant. L’utilisation des technologies m’a permis de mettre mon énergie sur d’autres élèves car cet outil favorisait l’autonomie et la stimulation de ces deux élèves. Les générations actuelles apprennent différemment et je crois fermement que les nouvelles technologies apportent énormément de positif dans la démarche d’apprentissage de l’élève.

  1. La neutralité de l’outil informatique facilite la médiation
    L’enfant accepte mieux les « jugements négatifs » de la machine sur son propre travail.
  2. L’ordinateur est un outil de différenciation pédagogique. Il offre aussi l’immense avantage de la correction immédiate et renforce par là l’autonomie des élèves.
  3. La souplesse des outils numériques facilite le travail de l’apprentissage.
    Le droit à l’erreur est au coeur du processus d’apprentissage, il suppose la production, la possibilité de revenir sur ses erreurs.
    Le numérique rend possibles, faciles et indéfinies les corrections. Des chercheurs pensent qu’il serait nécessaire, pour certains des élèves, de leur apprendre immédiatement l’écriture par l’ordinateur.
  4. Pour la quasi-totalité des enfants, les nouvelles technologies présentent un avantage magique : la capacité d’attention soutenue est fortement augmentée, du fait de l’écran, de l’interactivité.
  5. L’univers informatique, en particulier logiciel, est un univers structuré. Il suppose que l’on obéisse à un certain nombre de procédures, de l’allumage à l’organisation logicielle. Ce caractère joue un rôle positif : il imprègne les enfants, à condition que l’usage soit régulier. Ainsi, l’outil informatique introduit des effets structurants pour l’enfant démuni.
  6. L’outil informatique permet à l’enfant de visualiser le processus mental qu’il n’arrive pas à soutenir. L’ordinateur devient un appareillage de la pensée.

Malheureusement, les classes et les écoles sont parfois moins bien équipées que le sont les élèves. Je rêve d’une école actualisée, ouverte sur le monde et qui préconise l’éducation plutôt que l’interdiction par rapport aux technologies.

Dix variables influant sur le degré de respect de l’élève face à notre autorité:

  1. Type de phrase:
    L’utilisation de questions au lieu de demandes directes réduit le degré d’obéissance. Par exemple, une phrase du type suivant: « Voudrais-tu cesser de taquiner tes compagnons? » est moins efficace que « J’exige que tu cesses de taquiner les autres. ».
  2. Distance:
    Il est préférable de formuler une requête d’assez près (un mètre ou l’espace d’un bureau) que de loin (sept mètres ou de l’autre bout de la classe).
  3. Contact visuel:
    Il est également préférable de regarder l’élève dans les yeux ou de lui demander de vous regarder.
  4. Répétition:
    Il est recommandé de ne répéter une requête que deux fois (ne pas harceler l’élève). Ne lui énumérez pas non plus rapidement une série de directives (par exemple, « S.V.P., donne-moi ton devoir, conduis-toi bien aujourd’hui et ne taquine pas l’élève assise devant toi. »).
  5. Ton de la voix:
    Il est préférable d’utiliser une voix douce mais ferme que de parler fort (c’est-à-dire crier pour obtenir l’attention du jeune).
  6. Délai:
    Laissez le temps à l’élève de réagir après votre demande (de m trois à cinq secondes). Pendant ce court laps de temps, ne lui parlez pas (aucune discussion ni excuse), ne reformulez pas votre requête et n’en faites pas une nouvelle. Regardez simplement l’élève dans les yeux et attendez qu’il obéisse.
  7. Requêtes positives:
    Il est plus efficace de formuler des requêtes positives en demandant à un élève d’adopter un comportement acceptable (par exemple, « S.V.P., commence ton travail de mathématiques. ») que de lui demander de cesser un comportement inacceptable (par exemple, « S.V.P., cesse de parler. »).
  8. Absence d’émotion:
    Il est préférable de maîtriser ses émotions négatives lorsqu’on adresse une demande à un élève (éviter, par exemple, de crier, de l’injurier, de le faire sentir coupable ou de le brutaliser). Des réactions trop émotives diminuent l’obéissance et peuvent aggraver la situation.
  9. Description:
    Les requêtes positives et descriptives sont préférables à celles qui sont ambiguës ou trop générales (par exemple, « S.V.P., assieds-toi sur ta chaise, les pieds au sol, les mains sur ton bureau et regarde-moi. » est mieux que « Fais attention! »).
  10. Renforcement:
    Il est trop facile d’exiger un comportement d’un élève, puis de l’ignorer s’il le manifeste. Si vous souhaitez plus d’obéissance de la part de vos élèves, offrez-leur un renforcement sincère.

Copyright Les trucs du métier, fascicule 3, page 11, 1998,
La corporation École et Comportement.

Un test en ligne

Afin de mettre des mots sur les observations que vous avez faites d’un élève en difficulté comportementale dans votre classe, vous pouvez faire ce petit test en ligne très court mais susceptible de mieux cerner les besoins de votre élève.

http://www.pedagonet.com/other/inventr.htm

Un système de gradation des interventions

Les élèves en difficulté de comportement ont besoin d’être bien encadrés et sécurisés. Ils doivent surtout apprendre à se contrôler. Un système de gradation d’interventions est une manière de les aider à prévoir les conséquences avant qu’elles n’arrivent afin que l’élève s’autodiscipline.

Une feuille de route

Malgré tout ce qu’on en dira, le système behavioriste a fait ses preuves et lorsqu’il vise l’extinction d’un mauvais comportement, je le considère alors tout à fait justifié et adéquat. Lorsqu’un élève est en difficulté en ce qui a trait au comportement, un système de renforcement positif peut le motiver énormément à adopter un comportement.

En travaillant de concert avec les parents de l’élève, choisissez avec ce dernier des récompenses/privilèges qui le motiveraient ainsi que l’effort qu’il devra faire pour les obtenir. Vous pouvez bâtir une feuille de route quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle selon le besoin.

Le copain « Coup de main »

Les élèves en difficulté de comportement ou d’apprentissage sont souvent mis de côté par leur pairs ou perçus négativement. Afin de modifier leur statut de manière positive, vous pouvez demander à un élève ou deux en qui vous avez confiance de passer une récréation par semaine avec l’enfant en difficulté, pour lui apprendre à bien jouer et à socialiser. J’ai essayé ce moyen avec l’élève ayant un syndrome d’Asperger et cela a beaucoup amélioré sa façon d’entrer en contact avec les autres élèves.

Le coin du retour au calme

Lorsque l’élève en difficulté a besoin de se calmer, nous pouvons l’amener à se retirer dans un coin isolé des autres, où il aura accès à des feuilles, une balle anti-stress, un sablier, des écouteurs avec de la musique douce, des livres, des coussins, des affiches avec des pictogrammes qui représentent les étapes pour bien se calmer, etc. Bref, l’élève qui ne se contrôle pas est déjà puni par le comportement qu’il adopte et n’a besoin que d’être outillé sur les bonnes façons de gérer sa colère.

L’entraînement aux habiletés sociales ou l’apprentissage coopératif

Je ne vanterai jamais assez les mérites de l’apprentissage coopératif au sein d’un groupe-classe. Bien que cette approche soit déstabilisante et insécurisante dans les milieux difficiles, je peux vous garantir que tous les élèves peuvent être de meilleurs agents sociaux si on leur apprend comment bien vivre avec les autres d’une manière complète et adéquate. J’ai souvent observé des élèves ayant de forts statuts négatifs démontrer de l’empathie et de belles habiletés sociales à la fin d’une année scolaire où ils avaient travaillé ces concepts. Voici quelques habiletés sociales auxquelles vous pouvez habituer vos élèves. Pour plus de détails, référez-vous à la section « Apprentissage coopératif ».

  • Intervenir quand c’est son tour
  • Partager le matériel
  • Demander de l’aide
  • Demander des explications
  • Faire des éloges
  • Parler à voix basse
  • Faire participer tout le monde (équitablement)
  • Former les groupes dans le calme
  • Exprimer son soutien, au lieu de «rabaisser» les autres
  • Être assidu à la tâche
  • Être agréable
  • Dire des choses gentilles
  • Vérifier la compréhension de tous
  • Appeler les gens par leur prénom
  • Encourager
  • Critiquer les idées, pas les personnes
  • Émettre un avis différent sans «blesser» les autres
  • Dire «s’il vous plaît», «merci»
  • Savoir occuper le même espace de façon coopérative
  • Garder un bon rythme de travail de groupe
  • Prolonger la réponse de l’autre
  • Demander aux autres de se justifier
  • «fondre» ensemble les idées pour en extraire un point de vue commun
  • sonder, poser des questions de fond
  • contrôler un accès de colère
  • ne pas se laisser distraire
  • négocier
  • être responsable
  • accepter les différences
  • s’affirmer d’une manière acceptable
  • écouter de façon active
  • être bon joueur
  • résoudre les conflits
  • arriver à un accord unanime
  • reconnaître la valeur des autres
  • poursuivre jusqu’au bout
  • suivre les consignes
  • poser des questions
  • résumer
  • paraphraser
  • inclure tout le monde
  • gérer les ressources
  • encourager et soutenir les autres de façon non verbale
  • célébrer les succès
  • s’asseoir avec le groupe
  • rester dans son groupe
  • savoir se contrôler (attention à vos mains et à vos pieds)
  • se regarder droit dans les yeux
  • clarifier les idées
  • contribuer à l’apport des idées
  • faire des remue-méninges
  • élaborer
  • émettre un avis différent en restant courtois
  • exprimer ses sentiments au moment opportun
  • donner de l’énergie au groupe

L’approche PICA (Présence, Intervention, Contrôles, Actes posés) (source:http://www.comportement.net/pica/pica.PDF)

Présence
Soyez toujours prêts à intervenir. L’absence de l’enseignant ou de l’enseignante peut amener des élèves à l’indiscipline. Une surveillance, une présence accrue comme adulte responsable dans les corridors, aux récréations, et autres transitions favorisent les élèves à être disciplinés et à suivre les règlements de l’école. Ne vous absentez pas inutilement de votre classe.

Intervention
La non intervention amène les élèves à l’indiscipline. Un comportement de l’élève jugé inapproprié par un règlement ou une consigne de l’école deviendra alors approprié si l’adulte n’intervient pas immédiatement. Si vous ouvrez la porte à un règlement ou à une consigne qui n’est pas respecté par un élève, d’autres règlements ou consignes seront sujets au non-respect et ouvert à l’indiscipline par les élèves.

Contrôle
Prenez dès le début de l’année scolaire le contrôle de votre groupe-classe. Faites en sorte qu’il respecte votre autorité. Les ingrédients d’un bon contrôle sont:

-établir des liens significatifs avec les
élèves de votre groupe-classe

-se faire respecter comme adulte

-intervenir immédiatement à l’indiscipline de l’élève

-bien doser les conséquences

-avoir une certaine souplesse ou rigidité s’il en
est nécessaire

-être cohérent et empathique vis-à-vis vos collègues de travail ainsi que vos élèves.

Avoir un bon contrôle tout en étant significatif auprès de vos élèves de votre groupe-classe
augmente favorablement la discipline.

Actes posés
Il est important que les élèves indisciplinés prennent conscience des gestes qu’ils posent. Il sera nécessaire d’imposer des conséquences reliées au geste posé pour éviter que le comportement inapproprié se répète. Il sera aussi très important de renforcer le bon comportement. Cela ouvre la porte à une bonne relation enseignant-élève. La conséquence se doit d’être la plus rapprochée du geste posé, la plus courte possible, non disproportionnée et reliée au geste posé.